Fraternité

fraternité

En Périgord, des quatre coins du monde, peau, couleur, religion ou pas, les enfants d’un sport où le ballon rebondit rarement où nous l’attendons se devaient d’être divers. 

Les filles et les garçons, pleins de cette porosité culturelle jouaient sur le tapis vert. Ainsi ceux-là même qui n’auraient jamais dû se rencontrer se serrent dans les bras les uns et les autres, se tapent dans les mains et chantent ensemble.

Quel est donc cet étrange athanor, cette étrange alchimie qui transforme le plomb en or, la rencontre en fraternité ? Dans le monde du jeu collectif, un club surement, un sport sans doute.

La fraternité des armes, des cœurs, des combats, la mémoire du lieu ne dure pas qu’un instant, qu’un moment, qu’une saison ou bien qu’une carrière. Par ses maillons indissociables, et ses maillots centenaires, la fraternité du rugby écrit le livre de demain parce d’autres avaient écrit avant. 

La fraternité ne se décrète pas du jour au lendemain – qui chante -, elle n’est un synonyme de rien d’autre, elle est simplement le fruit de plus d’un siècle d’histoire et de tradition. Cocteau écrivait : « la tradition est une statue en marche ». 

Elle se construit, dans des moments de doute, de guerre, de solitude, de sclérose sanitaire surtout ! 

Pour le reste quand le mouvement et les succès sont là, c’est plus simple et plus illusoire, voire même plus éphémère… cet étrange égrégore, bien vivant, se construit en permanence, une sorte de « de la vie à la mort ».  

La fraternité invente et réinvente un lieu de vie où règne la transmission, qui passe de main en main des anciens aux plus jeunes. Certes, certains ne font que passer une saison, deux saisons et s’en repartent baluchon sur l’épaule, pour un autre monde, un autre lieu ou un repos du guerrier mérité. 

Mais pour les autres, du jeune à l’ancien joueur, du bénévole, que d’aucuns ne voient jamais aux mécènes, cette transmission est essentielle, intergénérationnelle et créatrice de mémoire. 

Le premier réflexe, en entendant le mot fraternité renvoie à un lien de parenté de sang. 

Mais n’est-ce point aussi un lien affectif qui lie et relie l’univers d’un club et donc celles et ceux qui le composent comme étant membres d’une même famille du poussin au nonagénaire qui se rappelle de telle ou telle légende ? 

Aux frontispices de nos mairies s’inscrit le triptyque « liberté égalité fraternité ».

« La liberté c’est le droit, l’égalité c’est le fait, la fraternité c’est le devoir. Tout l’homme est là. Nous sommes frères par la vie, égaux par la naissance, libres par la pensée… » écrivait Victor Hugo 

Alors, une fois les masques posés, le gazon retrouvé, jouons en conquérants en toute fraternité et en toute solidarité…

Jacques Servia 

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