Voyage…
Voyage autour de la Terre ?
Voyage au centre de la Terre ?
Voyage intérieur ?
Voyage initiatique ?
Voyage universaliste ou bien tribal, en meute comme une équipée où l’un n’est rien mais où le tout est justement tout ?
Alors Jules Verne ou bien Nietzsche… Cervantès ou De Nerval ?
Pourtant, le voyageur immobile, Fernando Pessoa qui ne cessera de promener son âme dans l’espace et dans le temps sans que son corps ne quitte jamais Lisbonne m’interpelle.
Tantôt mystique ou bien païen, dramaturge ou farceur, humble ou bien d’un orgueil sans limite, il parlera du monde des sensations, des ressentis, des emballements des cœurs et des pensées vagabondes comme des feux follets.
Tout comme Giono, qui après l’horreur puisera ses lignes dans les collines de Manosque, la nature sous ses pieds sera la muse que certains trouveront loin, très loin comme Gauguin ou Alexandra David-Neel. Lui aussi, à sa manière fut un voyageur immobile.
Ainsi, le voyage ne se fait pas toujours en déambulant sur un tarmac, nos valises en soute.
Il est aussi une démarche intime qui nous rapproche de la sagesse.
Il me semble cependant qu’il n’y a pas de héros sédentaire, qu’il n’y a pas de voyage pluriel sans valeurs, sans solidarité, sans communauté de destins. Le voyage serait-il l’épreuve de l’homme, tout comme le travail, la répétitions des gestes mentalement, physiquement, sempiternellement.
Le voyage et les travaux individuels et collectifs, la sueur, la fraternité, l’envie de vaincre, pas vraiment pour soi, mais pour les autres restent essentiels à l’émancipation.
Dans ces lieux, sur ces verts terrains où doit régner l’humilité face aux caprices d’une drôle d’ovalité aux rebonds qui trahissent ou qui réjouissent.
Ce sont les voyages intimes et collectifs qui offrent l’occasion de faire ses preuves (par quinze !) et de découvrir d’autres aspects des mondes et de soi-même.
La patience est par excellence l’épreuve du sage, le voyage est la voie de la connaissance. Il s’inscrit tout naturellement dans le cœur du destin, pour qu’un jour, aguerri, calme, sans un geste de trop, l’élève ne soit plus un témoin mais deviennent un acteur, une référence, un liant dans une équipe qui court, qui mord, qui raffute, qui souffle, qui souffre mais qui gagne le respect, la joie et le plaisir de celles et ceux qui donnent tant pour les voir.
Ces guerriers et gladiateurs ne saluent pas César mais l’esprit du rugby qui plane depuis si longtemps dans ces arènes…
Certes, tout est voyage, Pacifique, Europe, Argentine, Australie… Ulysse donna à la Grèce un itinéraire méditerranéen mais aussi initiatique. Thésée, Héraclès, Œdipe, Jason accomplirent aussi leur périple. Tout comme dans la légende Arthurienne Lancelot, Parcifal, Galaad et d’autres durent partir très loin à la quête du Graal.
Les voyageurs, les découvreurs, les conquérants de l’impossible, les héros mythiques ont laissé place à des aventuriers, à des frères d’arme, à des frères d’âme, mais la lutte reste identique : lutter, se jouer des autres en jouant et gagner pour le groupe et par conséquence pour soi…
« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va… » Sénèque
Ainsi nos combattants, nos joueurs savent puisqu’ils connaissent le chemin et les desseins, alors le vent guidera nos aventures et gonflera nos voiles…
Jacques Servia