Quelle idée saugrenue, me direz-vous de mettre en parallèle ces deux évènements ! Peut-être pour dire que la vie d’un club est faite de grands bonheurs mais aussi de grands malheurs. Peut-être que sans le premier, le second n’aurait pas existé, allez savoir…
Le 15 Juin 1991, sur le stade Maurice Lacoin, l’antre du Copo, Francis Rongiéras a réuni ses copains de sa promotion 1979-1980 du Bataillon de Joinville. Les Jean Guionie (Terrasson) autre instigateur de la journée, André Duffranc(Tyrosse), Jean Pierre Bonnet (Pau), Pierre Rispal(Bagnères), Philippe Jiat(Limoges), Michel Sanz(Pau), Louis Marin(Périgueux) entre autres ont répondu à l’appel amical de Francis. Tout était réuni pour que la journée soit belle. Hélas, en plein match, terrassé par un malaise, Francis Rongiéras s’écroule et décède sur le terrain. C’est la stupeur et le deuil qui viennent ternir ces retrouvailles.
Cet enfant de Saint Front d’Alemps était arrivé en junior au CAP ; c’est Lilian Cambérabéro entraineur de l’équipe première qui l’appellera en équipe fanion à l’âge de 20 ans, si bien qu’il participera en 1978-1979 à la fabuleuse aventure de la montée en groupe A et au fameux seizième de finale face au stade toulousain à Villeneuve sur lot.
Il s’éloignera de Périgueux pour rejoindre Pau où il se fera beaucoup d’amis et connaitra une carrière sportive rayonnante. Puis en 1989, il répondra favorablement à l’appel du Président Jean-Jacques Puech pour donner un nouvel élan à l’équipe périgourdine, avec notamment une demi-finale jouée à Issoire face à Montchanin.
Ce grand numéro 8 fut un superbe joueur et un immense capitaine respecté de tous. Son intelligence, son charisme étaient unanimement reconnus et que d’éloges à l’annonce de sa disparition. Son souvenir perdurera de par les carrières sportives de ses enfants : Romain, Hugo et Clara. Il perdure encore du fait que chaque année, le jeudi de l’ascension, un challenge portant son nom est organisé par ses enfants. Il perdurera toujours car depuis le 09 Novembre 2008, sur proposition du maire de Périgueux de l’époque, Michel Moyrand, le stade municipal porte son nom.
20 ans après
Le 12 Juin 2011, quasiment 20 ans après, jour pour jour, le Cap a un match très délicat à négocier à Massy dans l’Essonne en demi-finale du trophée Jean Prat. Après avoir éliminé Lannemezan en huitièmes puis Limoges en quart Massy entend bien l’emporter à domicile avec la plus grande marge possible .Victorieux 24 à 17 avec deux essais d’Ilésia Kérésoni et Augustin Pétricheï et des pénalités de Nicolas Caussimont et Jérôme Bosviel, le Cap réalise là un véritable exploit. Que du bonheur contrastant avec le malheur vécu 20 ans plus tôt.
Mais l’Histoire ne s’arrête pas là. Huit jours plus tard, c’est au tour du Cap de recevoir cette belle équipe de Massy.
Le 19 Juin 2011, bien qu’ayant 7 points de débours à remonter, l’équipe de Massy forte de ses forces avec un rugby attrayant, fait de multiples temps de jeu, ne veut pas être éliminée sans avoir tout donné. A 8 minutes à peine après le début de la rencontre, Benoit Bonetti marque le premier essai sur interception, essai transformé. Le Cap reprendra l’avantage grâce à la botte de Nicolas Caussimont et ses 3 pénalités.
Cependant grâce à Benoit Bonetti et Jérôme Coudol sur pénalités, les essonniens disposent de 4 points d’avance à la mi-temps. Le buteur capiste puis Paula Havéa sur un essai après mêlée entretiendront l’espoir à 17-13. Mais Massy va alors jouer son va-tout avec un rugby endiablé mettant à mal la défense périgourdine. Avec deux nouveaux essais de Benoit Verrier et Poaki Vakaloa, Massy dispose de 8 points d’avance à la fin du match (25-17) et est virtuellement qualifié ayant rattrapé les 7 points de retard du match aller.
Le Cap manque le drop de la qualification et la messe semble dite. Au bout d’un temps additionnel interminable de près de 10 minutes, une dernière relance de Galetti et Kérésoni permettent aux capistes d’obtenir une pénalité. Des 55 mètres en coin, Jérôme Bosviel, du haut de ses 20 ans, réussit la pénalité de la gagne. Massy gagne de 5 points mais c’est le Cap qui est en Pro D2 et en finale face à Béziers.
Un final haletant, à peine croyable, d’autant que cette ultime pénalité très lointaine semblait fuir les pagelles. Par quel miracle, le ballon changea sa trajectoire pour finalement passer entre les poteaux ? Et si du paradis des rugbymen, Francis Rongiéras avait envoyé ce que l’on appelle un signe du destin. Allez savoir…
Philippe SALON.